Eh oui, parce qu'un Cromignon pareil, ça se mérite.
Je reprend la suite de mon récit commencé ici après un aparté que tu peux lire là.
Le jour du rendez-vous avec le ponte de la PMA dans un grand hôpital parisien arriva donc.
Mais depuis quelques jours je me sentais un peu étrange, et j'avais des tiraillements bizarre dans les seins.
J'avais eu tellement de faux symptômes, j'avais fait tant de tests de grossesse sur un doute, toujours de la déception, que je m'étais interdit d'en refaire un...et ce matin là, avant de partir au rendez-vous, j'ai décidé de le faire.
Je me suis dit que si j'étais encore déçue, au moins je m'y attendais, et puis ça serait de courte durée puisqu'on allait commencer une vraie prise en charge, et que j'allais en retirer beaucoup d'espoir.
Donc j'ai fait un test (ben oui quand tu es en essai BB depuis un an et demi, tu as des tests en réserve...).
Positif.
Oui tu lis bien: POSITIF.
J'ai failli en tomber dans la cuvette des WC!
Encore incrédule, le coeur battant à 10 000 pulsations/minutes, le pantalon encore sur les mollets, je me suis ruée sur l'homme, qui mettait ses chaussures dans le canap': "arghmeuigyerch!" ais-je dit.
Enfin je crois. Évidemment il n'a rien compris. Alors, incapable de prononcer un autre mot, je lui ai montré le test. Mais c'est un mec hein, alors ce machin avec ses deux trais roses, il n'a pas la moindre idée de ce que c'est!
J'ai respiré un grand coup, j'ai cru que mon coeur allait s'arrêter de battre et j'ai dit "positif! enceinte!"
Je me demande bien ce qu'il a ressenti, ou pensé. Que j'étais tellement une chieuse que j'attendais qu'on parte au rendez-vous pour entammer une PMA pour être enceinte? Une réflexion de mec dans le genre, sans doute!
Je me suis vautrée dans le canap', à bout de souffle, pour reprendre mes esprits (et accessoirement remonter mon pantalon, on a sa dignité quand même).
A partir de là je me souviens de ce que j'ai fait comme dans un rêve: appeler l'hôpital pour annuler le rendez-vous, appeler ma vieille gygy pour faire les exam' appropriés, appeler ma best friend....
Les semaines qui ont suivi ont été assez classiques dans un début de grossesse. J'ai fait la prise de sang, tout ok, vérifié la toxoplasmose et la rubéole, dit adieu au saumon fumé...commencé les nausées, mais elles étaient bien plus supportables que pour ma première grossesse, où j'avais carrément été alitée tout le deuxième mois tellement j'étais malade.
Je me sentais bien un peu fatiguée, un peu serrée dans mes vêtements, mais rien de marquant.Je n'ai manqué que 2 jours de travail en 9 semaines de grossesse, deux jours où j'étais particulièrement épuisée, vers la 5ème semaine, parce que j'avais un gros rhume. Que j'ai fait soigner d'ailleurs, et mon médecin m'a dit "on va surtout faire vite baisser ta fièvre, les embryons n'aiment pas la fièvre".
J'ai revu la gygy avec mes analyses, elle m'a fait ma déclaration de grossesse. Je lui ait dit avoir un gros rhume, et des frissons de fièvre tout le temps, malgré le traitement.
Et puis c'était tout, j'allais bien.
Pourtant j'avais une peur panique de perdre ce bébé. C'était étrange, je n'avais pas du tout ressenti ça pour la Pouillette.
Bien sûr j'avais eu peur, mais au fond de moi j'étais confiante. En même temps j'avais 25 ans à l'époque, et pas peur de la mort. J'ai mis cette nouvelle peur sur le compte de cette longue année et demi avant de réussir à être enceinte, et après s'être rendu compte que mes petits soucis additionnés à ceux de l'homme risquaient de faire de nous un couple stérile...
A chaque fois que j'allais aux toilettes, je jetais un coup d'oeil, au cas ou je saignerais...mais tout allait bien.
La 9eme semaine de grossesse arriva, je commençais à me détendre, encore 3 semaines et on serait arrivés à la fatidique 12ème semaine. Je me disais que j'angoissais pour rien, que si je n'étais pas si malade que ça c'était juste parce que chaque grossesse est différente, et puis j'avais quand même pas mal de nausées.
Un jour je suis allée aux toilettes. J'ai remarqué des pertes légèrement, oh, très légèrement rosées. J'ai eu un peu peur, mais je n'ai pas paniqué. J'ai expliqué à l'homme que ça n'était sûrement rien, mais que je voulais en avoir le coeur net, et nous sommes partis aux urgences, en posant la Pouillette au passage chez des amis.
A l'arrivée, il n'y avait pas trop de monde. Un généraliste m'a rapidement reçue. Il était sympathique, souriant, il m'a rassurée avant tout examen, me disant que des petites pertes de sang sont fréquentes pendant la grossesse, que ça n'était sans doute rien.
Il m'a fait une échographie externe, et a souri. Il a dit qu'il voyait quelque chose qui remuait, que sans doute tout allait bien. Qu'il appelait le gynéco de garde quand même pour faire une echo pelvienne, pour confirmation.
Ledit gyneco était en train de faire une césarienne. Nous l'avons donc attendu, dans la joie et la bonne humeur. L'homme me taquinait sur mon côté hypocondriaque. Je lui répondait que grâce à moi nous allions voir notre bébé en avant-première, avant l'écho du 3ème mois, prévue pour 3 semaines plus tard. On riait.
Le gyneco est arrivé. Il avait l'air sympa aussi, quoique plus tendu. Normal après une césa en même temps. Il m'a demandé pourquoi j'avais eu une césarienne pour la Pouillette. Il m'a conseillé pour ce bébé à venir de ne pas manger trop de sucre pour éviter d'avoir un gros bébé qui ne passe pas mon bassin (n'importe quoi, soit dit en passant, la Pouillette n'était pas grosse du tout.). Il a pris la sonde, l'a préparée. Je souriais, j'allais voir mon bébé. Ce bébé tant attendu. On avait bien bossé pour le faire!
Il s'est assis à coté de moi, a introduit la sonde. Je déteste vraiment ça, toute intrusion d'un corps étranger en moi, sonde, aiguille, n'importe quoi, je déteste, je suis limite phobique. Mais là j'étais détendue, heureuse.
Il a regardé l'écran. Je ne pense pas que j'oublierais jamais l'expression qui s'est alors inscrite sur son visage.
Il s'est pincé les lèvres. Il a froncé les sourcils. Il a du se dire qu'il avait pris la chose trop à la légère. Qu'il avait mal géré. Qu'il s'était trop avancé. Qu'il n'avait pas été prudent. Que son collègue généraliste s'était bien planté.
Il a pris un ton neutre et froid, sans doute celui qu'il doit employer dans son métier, pour se protéger.
Il a dit "Ah. Je vois une grossesse arrêtée."
Et le monde s'est écroulé autour de moi.
Laisse moi te dire que j'en ai bavé pour écrire ça. Que je pleure devant mon écran.
La suite au prochain article sur le long chemin vers le Cromignon!