Eh oui, parce qu'un Cromignon pareil, ça se mérite.
Certaines femmes arrêtent la contraception et sont enceintes dans la foulée. Ça n'est pas mon cas. Quand nous avons décidé, l'homme et moi, de faire des petits parce qu'on est trop exceptionnels pour laisser notre magnifique patrimoine génétique se perdre (j'rigole hein!), c'était avant même de se marier. C'était pendant l'hiver 2008, vers février je crois. Nous venions de déménager.
Dans la foulée, nous avons décidé de nous marier, je te raconterais ça une autre fois, parce que ça vaut le détour, comme petite histoire de mariage. Programmation du mariage pour octobre, toujours 2008, et débuts d'essais bébé dans la foulée.
J'ai tout de suite su que quelque chose ne tournait pas rond. D'abord mon cycle ne revenait pas. Je suis d'un naturel anxieux, alors j'y pensais tout le temps, ce qui évidement n'aide pas! Au bout de 3 mois sans cycle, j'ai consulté ma gygy, femme charmante mais très old school, au bord de la retraite depuis des années. Elle m'a d'abord prescrit un médoc charmant à prendre chaque jour, qui devait faire revenir mon cycle et régulariser tout ça.
Pourquoi ai-je senti que ça ne suffirait pas? Est-ce que mon corps m'envoyait des messages subliminaux? Toujours est-il que je n'y ai pas cru un instant, à ce cachet.
Mon cycle est effectivement revenu, mais toujours pas de grossesse. Étant très sportive, j'ai appris que la pratique intensive pouvait être un facteur d'infertilité, j'ai ralenti. Et puis j'ai grossi un peu, parce que ça aussi, c'est un facteur.
Ça a pris plusieurs mois tout ça.
Avec l'angoisse qui me tenaillait: et si je n'arrivais plus à avoir d'enfant? Si ma Pouillette, devenue grande maintenant, était la seule? Si l'homme se rendait compte que j'étais infertile, qu'il voulait absolument avoir des enfants, que ferait-il? et si...enfin tout ce qui peut passer la tête quand on a une idée fixe, qu'on est pessimiste, qu'on culpabilise pour tout.
Des mois à scrutter les signaux de mon corps. A faire des tests de grossesse au moindre retard de règle, donc presque tous les mois.
Des mois à pleurer devant les tests négatifs. En refaire au cas où le premier test était mauvais. Ne pas oser boire d'alcool au cas où. Ne pas oser faire de cheval au cas où. Finalement des mois à adopter le comportement d'une femme enceinte, au cas où. Mais sans être enceinte.
Au boutd'un moment, ma gygy a décidé de passer à l'attaque. J'ai eu droit à deux ou trois monitorings d'ovulation, pour voir ce qui se passait là dedans. On a vu que mes ovulations étaient insuffisantes. J'ai du faire des piqûres pour booster tout ça, à jour et heure fixe. Encore quelques mois. A programmer les galipettes aussi. Bon pour ça on s'en est bien sortis, parce qu'on a assaisonné ces contraintes avec une bonne dose d'humour. Mais il faut se rendre à l'évidence: ce genre d'épreuve ne rapproche pas un couple.
J'entendais dire "n'y pense pas!".
C'est vrai que c'est ce qu'il faut faire, car fixer toute son attention sur son fonctionnement ovarien ne sert qu'à augmenter l'anxiété et dérégler encore plus le mécanisme de la fertilité. Mais c'est drôlement facile à faire quand vous êtes une femme. Un homme peut plus facilement s'en détacher je pense, parce qu'il n'a pas, une fois par mois, du sang qui vient rappeler que ça ne sera pas encore pour cette fois. Mais pour moi, c'était dur. J'avais si peur de réussir et finalement de faire une imprudence qui m'aurait fait tout perdre. Je voulais absolument, si j'étais enceinte, le savoir au plus tôt afin d'adopter un comportement protecteur, ne pas aller courir, ne pas porter de trucs lourds...ne prendre aucun risque.
Au bout d'un an et quelques mois, je me suis rendu à l'évidence. Ma gygy était très bien pour me faire des frottis. Mais pour l'infertilité, il fallait du lourd. J'ai donc pris rendez-vous chez les pontes de la PMA (procréation médicalement assistée). Cependant ces pontes-là sont très demandés, de plus ils sont dans un hôpital public ET parisien, et donc il faut des mois avant d'avoir un rendez-vous. J'ai donc eu un rendez pour 3 mois après.
3 mois de plus à espérer puis à désespérer, à broyer du noir, à faire ressentir mon mal-être à mes proches.
Et puis le jour du rendez-vous arriva.
La suite au prochain article sur le long chemin vers le Cromignon!