Eh oui, parce qu'un Cromignon pareil, ça se mérite.
Suite de ma série dont tu peux lire ici les épisodes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Dans la salle d'attente pour l'écho du 3ème mois, j'étais bien tendue. L'homme était zen...il me disait que non, lui n'était pas venu pour une mauvaise nouvelle. Je pense que je préférais me préparer au pire au cas où il arriverait...je sais qu'en général j'ai une approche pessimiste de la vie. Ce qui n'est pas une bonne idée, je te l'accorde.
Sur la table, avec l'écho sur mon ventre (tiens c'est fini les pelviennes??? Ben je commençais à m'y habituer!), j'étais partagée entre l'envie de savoir et celle de ne rien savoir du tout. Tu sais quand la peur est si forte que tu préfères mettre off dans ton cerveau, te rouler en boule et éteindre la lumière. Et ne penser à rien, rien du tout, surtout pas à ce regard crispé que pourrait avoir le gyneco si...
Mais non, il a souri et s'est tourné vers moi, qui fixait obstinément le plafond: "vous ne le regardez pas?".
Je l'ai regardé, mon petit.
Il était déjà si beau. Je l'aimais déjà si fort.
Ma peur s'est évanouie, et une vrai vague de bonheur, comme dans les histoires qui finissent bien, l'a remplacée. Je crois bien que j'ai pleuré.
Mesures faites, rythme cardiaque pris, tension vérifiée. Tout allait bien.
Même que..."Tout va bien, vous pouvez sans problèmes vous lever et reprendre le travail".
Gloups. Un peu d'appréhension...mais après tout, je l'aime bien mon travail, et puis je sais que si je fatigue trop, je pourrais m'arrêter quelques temps sans problèmes.
Joie, donc.
Le retour à la maison fut triomphal. Je n'ai même pas incliné le siège dans la voiture. Je n'ai même pas râlé quand la voiture butait dans un nid-de-poule.
Je restais assez faible, 2 mois et demi de canapé ayant fait fondre mes muscles d'acier (arf). Mais j'étais si heureuse.
Quelques jours après, donc, je retournais au travail.
Sache que je suis documentaliste en collège, et qu'à ce moment j'étais en poste dans le même collège que l'homme. Un collège assez musclé, en banlieue parisienne. Très vivant, mais musclé. Et là, justement, des muscles, j'en manquais.
Je me sentais craintive d'affronter avec mon petit ventre de 3 mois et demi l'anarchie dans les couloirs, avec les élèves qui courent partout, se bousculent, se jettent des trucs...j'avais peur de perdre l'équilibre dans les escaliers...je ne voulais pas avoir à séparer une bagarre et risquer de me prendre un coup...je n'étais pas à l'aise.
Je ne voulais pas affronter de situation de crise, comme c'est arrivé à des collègues enceintes.
Je me souviens surtout d'un élève pénible que ma collègue, enceinte de 6 mois, essayait de renvoyer. Déchaîné, le gamin qui faisait une tête et 30 kg de plus qu'elle, lui a lancé: "laissez-moi tranquille sinon, plus de bébé!" en faisant un mouvement de coup de poing vers son ventre.
Mais pire que moi était l'homme! (comme dirait Yoda!).
Il m'accompagnait jusqu'à mon CDI dans les couloirs, me faisait prendre des chemins détournés pour éviter le gros du chahut, et faisait rempart avec son corps à la moindre alerte.
J'étais très fatiguée, mais néanmoins heureuse. Cette fatigue m'a alors permis de retrouver un sommeil correct la nuit.
J'ai commencé à sentir le bébé bouger. Je l'ai beaucoup ennuyé alors, cherchant sans cesse à le faire remuer, pur me sentir rassurée.
Nous avons également débuté l'haptonomie. Quel bonheur! L'homme a aussitôt accroché, et ne laissait pas un jour passer sans faire de nombreux câlins avec bébé. La Pouillette aussi s'y est mise!
Cette petite vie redevenue presque normale a duré un peu plus de trois semaines.
Mes angoisses n'avaient pas disparu, mais je me sentais vraiment rassérénée. Je commençais à prendre confiance en la vie, elle ferait ce qu'il y a de mieux. Et bébé allait bien!
Un soir de week-end, je suis restée regarder la télé tard. Tout doucement d'abord, puis plus fortement, des douleurs m'ont alertée. Je n'ai d'abord pas su les identifier. Et puis rapidement, le doute n'a plus été permis. Ce que je sentais s'appelle des contractions. Peu douloureuses, mais vraiment fortes. Tout mon ventre se crispait, se tendait, devenait très dur.
J'ai eu peur. J'ai pris quelques spasfons. J'ai pris une douche.
Mais les contractions continuaient, s'amplifiaient.
J'ai appelé la maternité. Ils m'ont dit de venir rapidement.
J'ai réveillé, l'homme et la Pouillette. J'ai eu une sensation de déjà-vu. Nous sommes de nouveaux partis, paniqués, en pyjama.
Dans la voiture, j'ai couché le siège.
Il était bien trop tôt pour naître...
La suite au prochain article sur le long chemin vers le Cromignon!