Après 2 ans et demi d'arrêt, j'ai repris le travail.
Ce n'étais pas un choix.
Enfin pas vraiment.
J'aurais souhaité rester chez moi avec mon Cromignon jusqu'à ses 3 ans, comme le congé parental m'en donne (encore) le droit.
Mais nous ne tenions plus, financièrement.
C'est vrai que ça va avec un mode de vie: si je vivais dans un petit HLM, c'aurait été possible. Mais avec notre maison à payer...
Alors ce mardi matin, j'ai demandé à l'homme de me réveiller.
La première semaine, pour ne pas trop me stresser, il s'est chargé des enfants le matin.
J'ai levé un Cromignon ahuri qui m'a dit: "maman, encore dodo!" tant il n'est pas habitué, du haut de ses 21 mois, à se lever tôt.
Je l'ai fait téter, puis l'homme a pris le relais pour le petit dej.
Je me suis lavée et habillée, maquillée et même parfumée.
Je n'ai pu avaler qu'un jus de citon.
J'ai préparé mon sac, ma bouteille d'eau.
Et je suis partie en voiture.
1/4 d'heure de route, et je l'ai garée dans le parking des profs.
Je suis rentrée dans la cour, puis dans le couloir et pour finir, dans ma salle. Dans mon CDI.
Je ne connais rien ni personne encore. Je suis toute timide.
J'ai l'impression de faire ma rentrée en CP.
Le Cromignon me manque.
Les murs rassurants de ma maison, mon jardin, les tâches ménagères qui émaillaient mon quotidien jusqu'ici me manquent.
Je n'ai pas de repères.
Habituée à être débordée et overbookée au travail, je ne sais que faire.
Je redécouvre les joies des élèves de collège: bruyants, amusants, remuants, glousssant...Ca court, ça crie.
Je n'ai pas de pause, on est ouvert aussi pendant les récrés. Heureusement que les heures ne sont pas toutes très chargées.
Mon emploi du temps a été accepté: j'ai trois grosses journées. Pas l'usine, ni la plage.
Je me sens en décalage, mal à l'aise. Pas chez moi.
Il y a beaucoup de monde, qui rentre, sort, court. Des élèves, des profs, des surveillants...je n'en connais aucun, eux se connaissent.
A midi j'ai eu le courage d'aller manger à la cantine. L'impression de décalage était encore pire. Les rires fusent, les potes s'interpellent. Ca rie, ça privatejokise.
Je regarde tout ces gens comme je regarderais la télé.
J'essaye de m'imprégenr de cette nouveauté, de ne pas oublier ma gène.
Parce que bientôt, ce sera chez moi.
Et toi, ton job?