Ancienne parisienne partie au bout de la France, je raconte mon petit bout de chemin. A la maison, nous sommes 5, Polochon, le Cromignon, la Pouillette, l'homme et moi. Ca en fait des histoires! Adepte du portage, des couches lavable, de l'éducation non-punitive, du no-poo, des cosmétiques clean, maman allaitante mais pas militante, randonneuse dans l'âme et dans les pieds, et plein d'autres trucs encore...
Eh oui, parce qu'un Cromignon pareil, ça se mérite.
Suite de ma série dont tu peux lire ici les épisodes 1, 2, 3, 4, 5.
Alors comme ça allait mieux, malgré ma peine d'avoir perdu ce bébé, je décidais de recommencer à essayer d'en avoir un. On n'avait pas arrêté les mesures qu'on avait prises pour lutter contre notre infertilité et que tu peux lire ici. J'ai rappelé le centre de PMA et repris un rendez-vous pour plusieurs mois après. Et comme je ne m'attendais pas à ce que ça marche tout de suite du tout, vu que ça avait pris un an et demi avant que je sois enceinte avant la fausse couche, je n'ai pas calculé. Bien sûr je savais à peu près où j'en était de mon cycle, mais j'ai plus focalisé sur ma remise en forme et mon moral que sur les jours avec et sans.
Attention, ma peine était toujours là, mais je savais que je n'arriverais à faire le deuil qu'en entamant une nouvelle grossesse, et j'étais alors sûre que ça allait marcher.
Et crois-moi ou pas, ça n'a pas tardé!
Trois mois après, pareil, suite à un retard de règles un peu important, je fais un test sans trop y croire.
POSITIF!!!
Je n'en crois pas mes yeux. L'homme est devant l'ordi, je lui saute au coup. On rit. On se dit qu'on a été bête de croire qu'on était infertiles. Enceinte deux fois en 4 mois c'est quand même pas de l'infertilité!
Je me promet de ne pas pas stresser cette fois. De ne pas avoir peur. De laisser la vie prendre ses décisions et de l'accepter. De vivre ce début de grossesse sereinement.
Je suis juste étonnée de ne pas avoir le moindre symptôme, mais je me dis que ça va bientôt venir. C'est sans doute trop tôt.
Mon gygy m'avait dit de venir le voir en urgence si je retombais enceinte, pour me donner un traitement favorisant la nidation du petit bonhomme. Donc j'y file, en informant mon travail que je serais en retard. Mais en chemin je m'arrête pour faire la fameuse prise de sang (parce que j'ai toujours une ordonnance pour faire LA fameuse prise de sang sous la main...).
J'ai le sourire, je suis heureuse. Je le savais bien,que ça allait marcher. Je n'avais pas souffert pour rien. Mon bébé n'était pas mort en vain.
Chez le gygy, examen de routine, écho pelvienne: il voit bien un petit machin mais n'est pas sûr que ça soit le bébé, mais il semble confiant aussi. Il me prescrit ledit traitement.
Le soir on était contents, apaisés, heureux. L'homme avait le sourire. Moi aussi.
Le lendemain je suis allé chercher mon résultat de prise de sang. Et là...j'ai compris que j'avais eu 24 heures de répit, mais que c'était terminé.
La laborantine m'a dit que le taux d'hormones était beaucoup trop bas. Que j'avais fait une fausse couche précoce ou pire, que j'avais une grossesse extra-utérine...
Argh. Panique à bord. Mes larmes n'ont pas pu rester à l'intérieur. Je sors du labo sans rien voir autour de moi. Je monte dans ma voiture et je rentre chez moi sans trop savoir comment. Je préviens l'homme, il reste calme. Je crois qu'il ne s'était pas emballé comme moi, peut-être attendait-il les résultats, je ne sais pas. J'ai passé la soirée dans une bulle de larmes, anéanties, et apeurée: si c'était vrai que j'avais une GEU? Et qu'il faille m'enlever une trompe? Dans ce scénario catastrophe, j'aurais du mal ensuite à être à nouveau maman, vu qu'avec mes deux trompes déjà c'est pas la joie...Merci au passage à la laborantine ignorante qui y est allée de son petit com' et que j'ai cru compétente pour mon malheur...enfin...
Le lendemain je fonce chez mon gygy, qui, au regard des résultat, me confirme que j'ai fait une autre fausse couche. Très précoce cette fois. Que non, il en sûr, je ne fais pas une GEU. Il a levé les yeux au ciel en voyant mon inquiétude en disant que les laborantins, souvent, devraient la fermer (leur grande g...!!!) et laisser aux médecins le soin de faire un diagnostic. Je m'en souviendrais, et souviens-en-toi aussi: n'écoute pas les verdicts des labos d'analyses, va voir ton doc. Encore des gens qui usent du fait qu'on les croit compétent pour désinformer ceux qui les écoutent. (pas tous, évidement...).
Pour ma première fausse-couche, que je te raconte ici, j'ai cru que le monde s'effondrait autour de moi. J'avais été enceinte 9 semaines.
Cette-fois ci je m'étais cru enceinte un seul jour. Je n'ai pas eu l'impression de perdre un bébé. Pourtant ce fut pire. Parce que lors de la première, je m'étais sentie très triste, en deuil, mais pas désespérée. Là, j'ai perdu espoir pour de bon.
Je n'ai fait que pleurer, enfermée dans ma chambre, laissant l'homme gérer la Pouillette. Je ne pouvais plus manger. Je ne pouvais plus aller au travail. J'arrivais tout juste à me laver. Je ne pouvais plus dormir sans médicament. Je culpabilisais énormément pour la Pouillette, qui avait besoin de sa maman, mais je n'avais aucune force.
J'étais au fond du trou. Je n'avais jamais été aussi bas. Je pensais que c'était fini, que je ne serais plus jamais maman, que je ferais fausse-couche sur fausse-couche sans jamais porter un bébé jusqu'à sa naissance. Que mon corps allait souffrir à chaque fois. Que ma vie serait triste, monotone, que je verrais ma Pouillette grandir sans pouvoir lui donner de compagnon de jeu. que l'homme ne pourrait pas avoir d'enfant de moi, et que ça nous séparerait. Que ma tristesse sans fond nous séparerait.
C'était ça que je ressentais: une tristesse sans fond. Pleurer ne me soulageait pas. Je ne faisais que pleurer, jour et nuit, sans aucun soulagement, à part un peu dans le sommeil artificiel.
Période noire de ma vie. J'aimerais avoir été plus forte. J'aimerais ne pas avoir fait subir ça à ma Pouillette et à l'homme. Mais je suis une faible. Devant cette difficulté, je n'ai pas fait que trébucher, je suis tombée, et seul le Cromignon a pu me relever.
La suite au prochain article sur le long chemin vers le Cromignon!