Après les galères qu'on peut rencontrer en allaitant, dont je t'ai déjà parlé ici et là, je vais te parler du bonheur que c'est, pour moi, d'allaiter le Cromignon. Parce que les galères, ça va un moment!
Attention, pas de prosélytisme dans ma démarche. Si tu n'allaites pas, si tu n'as pas allaité, c'est ton histoire, je ne me permets ni de juger ni de donner des conseils. C'est mon histoire ici, c'est tout.
La question de l'allaitement ne s'est jamais posée à moi. Je ne me suis pas demandé si j'allais allaiter mes enfants ou non. Pour moi c'était une évidence. Peut-être parce que j'ai vu ma mère allaiter ma petite soeur. Peut-être parce que je m'efforce souvent de faire ce que la nature a prévu (parce que sisisisi elle fait bien les choses...).
Peut-être parce que j'ai appris que c'était bon pour la santé du bébé, pendant l'allaitement mais aussi durant toute sa vie. Je me souviens de cette étude que j'ai dû lire quand j'étais au collège, qui expliquait que les gens qui ont été allaités bébés présentaient moins de maladies, toutes maladies confondues, de la gastro au cancer, durant toute leur vie. Car l'allaitement, semble t'il, permet en fait de construire un meilleur système immunitaire. De plus apparemment ça préserve aussi des allergies, notamment alimentaires. Et les allergies alimentaires, c'est ma phobie!
Attention je parle ici de statistiques, hein. Après c'est toi et ta chance. Un tel aura été allaité deux ans et sera tout le temps malade, tel autre ne l'aura pas été et aura une santé de fer. Les statistiques, c'est général, ça ne s'applique pas à l'individu.
Ensuite l'allaitement protège la mère également du cancer du sein, en partie du moins. Car les cellules du sein (lesquelles exactement je ne sais pas hein...) n'arrivent à maturité qu'en remplissant leur fonction de produire du lait, et des cellules arrivées à maturité sont moins susceptibles de déconner que celles qui n'y sont pas arrivées. En bref l'étude parlait de 50% de moins de cancer du sein chez les femmes ayant allaité deux enfants ou plus pendant 6 mois.
Il y a tout un tas de bonnes raisons sanitaires d'allaiter.
Il y a plein de bonnes raisons pratiques aussi: c'est toujours prêt, à la bonne température, la nuit c'est vite fait, si tu sors pas besoin d'emmener tout le barda pour faire les bibs.
Mais laisse tomber tout ça. Car si bien sûr ça m'a motivée pour l'allaitement, ça n'est pas vraiment ça qui est en jeu.
Le bonheur d'allaiter, c'est quand on me donne ma Pouillette de 2 heures, qu'elle ouvre grand la bouche en fouinant sur mon ventre meurtri, qu'elle réussit à choper le mamelon sous mes yeux ébahis, et qu'elle commence à téter, alors que personne ne lui a jamais apris à le faire. Que son petit corps tout chaud se détend tout à coup. Que l'expression de son visage exprime la plénitude la plus totale.
Le bonheur d'allaiter, c'est quand le Cromignon s'endort tout à fait, lové contre moi, mon sein dans sa bouche, refusant de le lâcher pendant tout son sommeil.
C'est quand le Cromignon a les yeux qui se révulsent de plaisir tant ça doit lui apporter EXACTEMENT ce dont il a besoin.
C'est quand le Cromignon me regarde en tétant, avec dans ses yeux tout l'amour du monde.
C'est quand le lait ressort de sa bouche parce qu'il s'est endormi.
C'est ce lien fusionnel entre lui et moi, qui nous rend l'un à l'autre unique.
Il a bientôt 10 mois et je l'allaite encore, je ne me pose pas la question "jusqu'à quand". Il est très bien comme ça et moi aussi. Pour moi c'est juste vital, ça fait partie de la maternité, c'est comme le vote: un droit et un devoir. J'ai fabriqué mon petit dans mon ventre pendant 9 mois, et je continue. C'est moi qui le fait grandir. C'est mon rôle, mon job, ma responsabilité de maman.
Je le redis: pas de jugement ni de conseil ici, c'est mon ressenti personnel. Chacun fait ce qu'il veut.
Je suis contente car pour le moment je n'ai pas autour de moi de réaction inappropriées, comme je peux en lire un peu partout. Mon entourage est bienveillant, voire admiratif. Parfois on me demande "jusqu'à quand", ou on me donne un avis, mais toujours gentiment. Au pire j'ai prévu une ou deux répliques bien senties pour ceux qui s'aventureraient à me donner des conseils non demandés!
Et toi, que penses tu de l'allaitement?