Ancienne parisienne partie au bout de la France, je raconte mon petit bout de chemin. A la maison, nous sommes 5, Polochon, le Cromignon, la Pouillette, l'homme et moi. Ca en fait des histoires! Adepte du portage, des couches lavable, de l'éducation non-punitive, du no-poo, des cosmétiques clean, maman allaitante mais pas militante, randonneuse dans l'âme et dans les pieds, et plein d'autres trucs encore...
(Vue non, mais alors non représentative du tout d'une de mes classes en examen).
J'ai été de surveillance du brevet, cette année.
Pendant l'épreuve, les gamins n'ont pas le droit de communiquer entre eux.
Ils peuvent poser des questions de forme aux surveillants, mais pas de fond.
En théorie.
Le côté solennel de la chose, premier examen national blabla, a dû échapper à mes chères têtes blondes...
La moitié de ma salle s'est présenté. L'autre moitié, j'imagine, a préféré profiter des 27 degrés et du soleil.
Ceux qui étaient présents n'avaient pas forcément bien compris qu'il y avait tout de même un enjeu derrière ces deux journées.
Au bout de 15 minutes, certains me demandaient quand est ce qu'ils pourraient partir.
D'autres regardaient par la fenêtre.
Un gamin au fond faisait des origamis...avions en papier et grenouilles sautantes, pour le plus grand bonheur de ses voisins.
Lorsqu'une élève a demandé plus de feuille de brouillon, j'ai cru au miracle, mais c'était pour continuer son dessin.
Son voisin lui a d'ailleurs tendu ses propres brouillons, n'ayant pas compris la raison pour laquelle les feuilles n'étaient pas toutes de la même couleur...
Et puis Kévin, au fond de la salle, crête décolorée blonde en l'air et crâne rasé autour, 180 kg au bas mot pour 1m80, et jean laissant apercevoir, enfin voir tout entier même, un improbable caleçon Bob l'éponge:
-"Madame, je peux signer après ma rédaction?
- Non Kévin, il ne faut pas que ton nom figure sur la copie. Je vous l'ai expliqué au début de l'heure."
Cinq minutes après:
"-Madame, vous êtes sûre que je ne peux pas mettre mon nom en bas?"
-"Oui je suis sûre, il ne faut pas que tu écrives ton nom."
Trois minutes plus tard:
"- Madame, il ne faut pas mettre mon nom quand j'ai fini?"
"- Non Kévin, il ne faut pas."
Et ainsi de suite, de cinq minutes en cinq minutes...
Ne me demande pas d'où je tire ces trésors de patience pédagogique.
Alors que j'avais juste envie de l'envoyer se faire foutre au fin fond de l'enfer, lui, ses deux neurones non connectés et ses goûts de chiottes en matière de caleçon.
Peut être d'années de guerre lasse, peut être de la peur de froisser les 180 kg de Kévin et de m'en prendre une, en cas de réponse sarcastique et donc incompréhensible pour lui.
Car ce que Kévin ne comprend pas, Kévin l'interprète comme une version savante de "va niquer ta mère".
Je reste donc neutre, claire, calme et concise. Tu remarqueras que j'utilise le moins de mots de vocabulaire possible. Je fais du prof simplifié.
Une heure après le début de l'épreuve, ce fut la fin de la leur.
Eh oui, on ne peut pas partir avant, ils ont donc dû traîner leur misère une heure entière! Normalement l'épreuve dure deux heures, mais n'en parlons même pas.
J'ai donc ramassé les truc, là, les machins, euh le nom m'échappe...ah oui, les copies!
Et j'ai jeté un oeil pour vérifier que les règles de présentation avaient été bien respectées, suite à mes nombreuses et répétées, répétées, répétées, écrites au tableau, consignes.
Bien sûr, que dalle: ratures en rouge de partout, lignes non sautées, numéro de l'épreuve écrit à la place du numéro de candidat, etc...
Je suis débonnaire. Si si. Sarcastique mais débonnaire.
J'aime mon prochain et je lui souhaite le meilleur. Parfois le plus loin possible de moi, mais le meilleur.
Ne serait-ce que pour que mon prochain me foute la paix.
Donc j'ai rattrapé quelques bourdes éliminatoires à coup de tipex, et replacé les bons numéros aux bons endroits...
Et au dos de la copie de Kévin, après ce qui devait ressembler à l'analyse d'une poésie de Mallarmé faite par Dali sous ecsta, fautes d'orthographe de malade en bonus, son nom ET sa signature.
Parfois la vulgarité m'effleure les lèvres...
WTF ???????????????????????????????????