Ancienne parisienne partie au bout de la France, je raconte mon petit bout de chemin. A la maison, nous sommes 5, Polochon, le Cromignon, la Pouillette, l'homme et moi. Ca en fait des histoires! Adepte du portage, des couches lavable, de l'éducation non-punitive, du no-poo, des cosmétiques clean, maman allaitante mais pas militante, randonneuse dans l'âme et dans les pieds, et plein d'autres trucs encore...
Parfois, je me demande...
Je te parle parfois des perles de mes élèves, mais il faut savoir que quand ces élèves grandissent, certains, parfois, deviennent profs. Eh oui.
Et pourtant certains restent tout aussi mal élevés, méprisants, insortables, qu'ils l'étaient à 13 ans.
Pas tous bien sûr! D'ailleurs souvent en retrouvant mes élèves 6 ou 7 ans après, j'ai de bonnes surprises!
Telle gamine ultra vulgaire, incapable de parler sans cracher, sera devenue une jolie jeune fille allant à la fac (sisi!) qui conseille à son petit frère de lire autant qu'il peut...
Pas tous non plus, d'ailleurs...
Bref!
Ce jour là, donc, j'étais assise à mon bureau, tentant d'oublier qu'il me restait 4h à tirer.
Quelques élèves tout aussi déséspérés que moi erraient de fauteuil en chaise.
Une prof, toute jeune fraîche émoulue de l'IUFM, comme quoi si la valeur n'attend pas le nombre de années, la connerie non plus, est entrée.
J'ai levé ma tête et esquissé un sourire, elle ne m'a pas regardée.
Sans un seul coup d'oeil sur moi (suis-je devenue transparente entre temps, je ne sais...), elle a traçé, m'a contournée, et s'est dirigée d'un pas assuré vers...l'armoire qui se trouve derrière moi.
MON armoire avec, dedans, MES affaires, mes réserves, mes fournitures, et les livres que je dois couvrir incessamment sous peu (un jour viendra...). Plus des biscuits, une canette, un peu de monnaie.
Mes affaires, quoi. Mon armoire. Derrière mon bureau, derrière ma chaise, derrière moi.
Je tiens à signaler que cette armoire se trouvant pile entre mon corps et la porte, elle ne peut pas ignorer que ce n'est pas le rayon papeterie de Carrouf, là où il serait fort légitime qu'elle se serve.
Toujours sans un regard ni un son dans ma direction elle a ouvert ladite armoire, a pris un bouquin en souffrance de couverture, et l'a feuilleté. Puis l'a remis, et est repartie.
Ce qui est con, c'est que quand je rencontre une situation incongrue, je reste coîte. Je n'avais pas anticipé un truc pareil, aussi mal élevé que ça. Qu'un élève se comporte mal, je suis prête, c'est mon taf. Mais un prof?
Les bras m'en tombent et la voix avec.
Voilà, voilà, tu aurais fait quoi à ma place?